Fuites urinaires chez la femme
symptômes, causes et traitements
Les fuites urinaires, appelées incontinences urinaires par les médecins, se caractérisent par une perte involontaire d'urine. Elles représentent une véritable gêne sociale, fréquemment retrouvées chez les femmes âgées de plus de 50 ans. Dans ce dossier complet, vous saurez tout sur l'incontinence urinaire : les différentes formes, causes, traitements médicaux et chirurgicaux, ainsi que les moyens de rééducation et de prévention.
Qu'est-ce que l'incontinence urinaire ?
L’incontinence urinaire donne lieu à des pertes conscientes, mais incontrôlables et involontaires d’urine. Ces fuites urinaires peuvent se produire durant la journée ou la nuit. Il ne s’agit pas d’une maladie à proprement parler, mais plutôt d'un trouble le plus souvent lié à un dysfonctionnement physique. Sa fréquence augmente avec l'âge, mais elle peut affecter des femmes plus jeunes. Ces troubles urinaires se retrouvent également chez l'homme, mais à des fréquences 2 fois moindres pour des raisons anatomiques. Dans le monde, on estime qu'environ 1 femme sur 2 sera confrontée à un problème d'incontinence urinaire durant sa vie.
Quelles sont les différentes formes de fuites urinaires ?
Il existe trois principales familles d’incontinences urinaires chez la femme, classées selon les circonstances de survenue de ces fuites d'urine.
1- Incontinence urinaire d'effort
Cette forme d'incontinence demeure la plus fréquente chez la femme et représente environ 50 % des cas. La particularité de ces fuites urinaires est qu'elles ne sont pas précédées d'un besoin d'uriner. Elles surviennent uniquement lors d'un effort même minime qui provoque une compression de la région abdominale. Ceci arrive par exemple lorsqu'une femme soulève une charge, saute, court, tousse, éternue, monte les escaliers, éclate de rire ou pratique une activité sportive. Les fuites peuvent commencer par quelques gouttes et atteindre parfois une vidange totale de la vessie.
2- Incontinence urinaire par urgenturie
Environ 20 % des femmes incontinentes souffrent de ce type de trouble urinaire. La femme éprouve une urgence tellement pressante qu'elle n'a pas le temps d'aller aux toilettes ! Appelées aussi incontinences urinaires par impériosité ou par hyperactivité vésicale, les fuites urinaires dans ce cas surviennent au cours d'une envie soudaine, urgente et irrépressible d’uriner. Vous connaissez peut-être l'envie d'uriner déclenchée au moment d'introduire la clé dans la serrure de votre porte d'entrée ou lorsque vous lavez vos mains avec de l'eau froide !
3- Incontinence urinaire mixte
Dans cette forme qui représente environ 30 % des cas, il existe une association entre les symptômes de l’incontinence urinaire due à l’effort et celle causée par l'urgenturie, mais à différents degrés. Les fuites urinaires surviennent à cause d'un besoin urgent d'uriner et au cours d'un effort physique.
4- Autres types d'incontinences urinaires
D'autres formes d'incontinences urinaires de la femme peuvent exister, mais elles demeurent beaucoup moins fréquentes. Il s'agit par exemple des incontinences urinaires neurogènes, permanentes ou par regorgement.
Quelles sont les causes des fuites urinaires ?
Pour comprendre l'origine des fuites urinaires, il est nécessaire de comprendre le fonctionnement normal de la vessie au cours des phases de remplissage et de vidange.
Comment fonctionne votre vessie ?
La vessie est un réservoir musculaire qui s'étire durant la phase de remplissage grâce à son muscle (le détrusor), sans résistance et sans augmentation de pression. L'ouverture ou la fermeture de la vessie s'obtiennent respectivement par le relâchement ou la contraction du périnée. Ce dernier comprend un ensemble de muscles, tissus et ligaments qui soutiennent les organes du ventre (utérus, vessie, urètre, etc.) et les empêchent de tomber, d'où son surnom de « plancher pelvien ». Lorsque vous ressentez le besoin d'uriner, vous contractez les muscles du périnée pour vous retenir. De même, vous relâchez votre périnée pour déclencher la vidange de votre vessie. La contraction du détrusor écrase la vessie et chasse les urines à travers l'urètre.
Quelles sont les causes de l'incontinence urinaire d'effort ?
La cause de l'incontinence urinaire d'effort demeure la faiblesse et le relâchement du périnée. En effet, les muscles du périnée n'ont plus la force suffisante pour vaincre la pression interne de la vessie, provoquant ces gênantes fuites urinaires. Ceci arrive fréquemment lors d'un effort, car l'hyper pression abdominale augmente encore plus la pression à l'intérieur de la vessie et dépasse les capacités de retenue du périnée. Vieillissement, grossesse, accouchement difficile, gros bébé, obésité, constipation sévère ou toux chroniques provoquent la distension et perte de tonicité du périnée. Mais la grossesse et l'accouchement demeurent les principaux facteurs de risque. En effet, 3 à 4 femmes enceintes sur 10 présentent une incontinence urinaire d'effort pendant leur grossesse. Après un accouchement par voie naturelle, 1 femme sur 2 déclare avoir souffert d'une incontinence d'effort juste après l'accouchement.
Quelles sont les causes de l'incontinence urinaire par urgenturie ?
Concernant l’incontinence par urgenturie, elle se caractérise par une anomalie au niveau de la vessie. Au lieu de se distendre doucement durant la phase de remplissage, la vessie se met à pousser pour évacuer les urines. Ainsi, il apparaît de manière soudaine et anormale une augmentation de la pression dans la vessie, déclenchant le besoin urgent d'uriner. Provoquée par les contractions non contrôlées du détrusor, la pression vésicale devient supérieure à celle exercée par le périnée, même si ce dernier fonctionne correctement. Par conséquent, la retenue n'est plus possible et les fuites urinaires apparaissent. Les causes de cette instabilité vésicale peuvent être liées à une vessie irritée par une infection urinaire, présence de calculs ou polypes, ainsi qu'une maladie neurologique affectant la vessie. Mais l'instabilité peut provenir également d'une irritation régionale telle qu'un fibrome ou tumeur utérine, d'une cause psychologique ou comportementale telle que l'anxiété, consommation excessive de café, retenues répétées et prolongées pour aller aux toilettes, etc.
Quels sont les traitements de l'incontinence urinaire ?
Selon le type d'incontinence et le degré de gêne occasionnée, votre médecin traitant vous proposera une prise en charge comportementale, médicamenteuse, voire parfois chirurgicale. Alors, zoom sur ces traitements qui changeront votre vie !
Quand et qui consulter ?
L'incontinence urinaire chez la femme demeure un sujet tabou, même dans les pays occidentaux. La femme éprouve toujours du mal à en parler. Mais à partir de l'instant où ces fuites urinaires vous affectent sur le plan personnel, social ou professionnel, vous devez en parler à votre médecin traitant, gynécologue ou sage-femme pour trouver une solution à cette gêne. Mais dans la majorité des cas, ils vous orientent vers un urologue pour un avis plus spécialisé. En effet, les incontinences urinaires sont en général du ressort de l'urologue. Les traitements s'articulent autour de la rééducation du périnée et du comportement, suivie par les traitements médicamenteux puis chirurgicaux.
Importance de la rééducation périnéale
Les exercices de rééducation périnéale occupent une place importante dans la prise en charge des incontinences urinaires d’effort et par urgenturie. À travers des séances de kinésithérapie, d'électrostimulation vaginale ou tibiale, vous apprendrez à faire travailler correctement les muscles de votre périnée, à développer sa musculature ou à inhiber l'instabilité vésicale. Le gain de tonicité renforce votre périnée et lui permet de vaincre les hyper pressions abdominales et les contractions anarchiques au niveau de votre vessie.
La rééducation périnéale demeure un traitement de première intention pour les personnes souffrant de fuite urinaire, mais s'adresse également aux personnes souhaitant prévenir leur apparition. Ainsi, la rééducation périnéale possède un rôle aussi bien curatif que préventif. Convenablement exécutée, l'efficacité de la rééducation tourne autour de 80 % : sur 10 femmes traitées, 8 d'entre elles arrivent à guérir de leur incontinence. Si les résultats ne sont pas satisfaisants, votre urologue vous propose d'autres solutions médicamenteuses ou chirurgicales en fonction de votre cas.
Traitements médicamenteux des fuites urinaires
Au même titre que la rééducation périnéale, les traitements médicamenteux demeurent des solutions de première intention. Les médecins les prescrivent surtout lorsque les fuites urinaires surviennent par urgenturie. En effet, ces médicaments diminuent sensiblement le volume des fuites urinaires et leur fréquence, aussi bien le jour que la nuit. Les anticholinergiques constituent la classe de médicaments la plus prescrite par les médecins pour traiter les fuites urinaires dues à une instabilité vésicale. Réduisant les contractions non contrôlées de la vessie, les anticholinergiques sont très efficaces et donnent de bons résultats rapidement. Néanmoins, certains effets secondaires peuvent apparaître et particulièrement la sécheresse buccale pour certaines molécules. Chez la femme ménopausée, un traitement hormonal substitutif peut également être prescrit pour les incontinences urinaires liées à la ménopause, surtout durant l'effort. Associant oestrogène et progestérone, le traitement hormonal améliore considérablement la tonicité musculaire de votre plancher pelvien et renforce votre périnée.
Traitements chirurgicaux des fuites urinaires
Concernant l'incontinence urinaire mixte ou d'effort, la pose d'une bandelette de soutènement sous urétrale, TVT ou TOT, demeure le traitement de référence chez la femme. Cette petite bandelette synthétique va soutenir les tissus du plancher pelvien altérés ou affaiblis par les accouchements ou autres facteurs de risque. Après cette opération chirurgicale effectuée sous anesthésie locale ou générale, les patientes recouvrent une continence normale dans environ 80 % des cas.
Pour l'urgenturie, l'instabilité vésicale se traite par des injections intravésicales de toxines botuliques ou par une neuromodulation des racines nerveuses sacrées. Toutefois, des techniques plus invasives peuvent être proposées telles que l'augmentation du volume vésicale, à l'aide d'un greffon prélevé au niveau de l'intestin (entérocystoplastie), ou la mise en place d'un sphincter artificiel.
Comment se déroule une consultation d'urologie pour fuites urinaires ?
La bonne prise en charge des fuites urinaires passe par une consultation chez un urologue. Sur la base d’un dialogue simple, l'urologue retrace avec vous les circonstances de survenues des fuites et s’informe sur vos antécédents gynécologiques et obstétricaux. En effet, le diagnostic d’une incontinence urinaire repose avant tout sur l’interrogatoire et l’examen clinique pour aboutir à une bonne prise en charge. Dans son cabinet, l'urologue pourra observer ces fuites en vous demandant de tousser, puis essaye de les faire disparaître grâce à des manoeuvres qui l'orientent vers la solution adéquate. Votre urologue vous demandera également d'effectuer certaines explorations biologiques, urodynamiques, ainsi que des examens d'imagerie échographique et radiologique. Ces explorations aident l'urologue à poser un diagnostic. Il vous demande de remplir un calendrier mictionnel qui retrace les heures des mictions et leur volume, les circonstances et heures des fuites urinaires, le type, volume et heure des boissons, etc. Ce catalogue reflète vos habitudes et peut servir de base à un traitement comportemental pour diminuer vos fuites urinaires.
Vous êtes une femme et souffrez de fuites urinaires en silence ? Eh bien, sachez que de multiples solutions existent. Alors, brisez le silence et parlez de votre incontinence urinaire à votre médecin. La vie n'en sera que plus belle !